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Saint Paul lès Dax : St Paul l'ermite
Ville située sur un des chemins de pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle
L’église
Elle est sous le patronage, non pas de Saint Paul Apôtre, mais de Saint Paul de Thèbes dit l'Ermite mort en 345 au désert de Thèbes en haute Egypte.
L'église s’élève à l’extrémité d’une plate-forme naturelle, à l'endroit précis d'où partait jadis l'aqueduc alimentant en eau froide la cité d'Aquæ Tarbellicæ (Dax).
On ne possède aucun renseignement historique sur les origines ou le passé de l'édifice lui-même, mais on peut penser qu'une église aussi importante avait été élevée en ce lieu dès le XIe siècle.
Cet édifice fut remplacé au XIIe s. et seule l'abside magnifiquement ornée demeure aujourd'hui l'unique témoignage de cet ensemble.
Intérieur : D’emblée, on peut remarquer les particularités de cet ensemble : c’est tout d’abord l’étage inférieur qui retient l’attention, avec ses onze niches creusées dans la maçonnerie. Également surprenantes sont les proportions démesurées des trois fenêtres qui, à l’étage supérieur, s’ouvrent sous des arcs ornés d’étoiles et portés par des chapiteaux aux feuilles décorées de boules.
Alors que le chevet est relativement austère à l’intérieur, il offre à l’extérieur une extrême richesse décorative. Ici encore, la composition est partagée en deux étages par un bandeau, mais elle est en outre rythmée par quatre contreforts.
Dans la partie inférieure, une arcature se déploie au-dessus d’une sorte de stylobate correspondant à la banquette à l’intérieur. Cette disposition, fréquente dans le Sud-Ouest comme dans d’autres régions à l’intérieur des absides, est en revanche très rare à l’extérieur. Elle comporte ici quatre arcades dans la partie centrale de l’abside, trois sur chacune des parties latérales, et également trois sur chaque mur de la travée droite, soit un total de 16 arcades portées par 21 colonnettes.
Tout cet ensemble est orné avec un soin minutieux, mais où l’on retrouve la même étrangeté qu’à l’intérieur : on peut ainsi remarquer la forme très particulière des billettes ornant certains arcs. D’autres particularités s’expliquent par le remploi d’éléments antiques : des bases de profil très divers, des fûts de colonnettes, dont certains galbés, des blocs dont la forme a imposé celle des épannelages – un d’eux est de forme cylindrique, un autre de section triangulaire, avec un tailloir orné sur sa face inférieure.
Tout aussi significatifs sont les thèmes mis en œuvre.
- grappes de raisin,
- ombelles,
- lianes terminées par des têtes d’oiseau au bec crochu,
- oiseaux picorant leurs pattes,
- lions passants, félins et chevaux,
- sirènes-oiseaux, masques divers.
- Enfin, sont aussi représentés quelques thèmes historiés profanes : acrobates, jongleurs, dompteurs plaçant leurs mains dans la gueule de lions…
♦ Quelques détails des 16 colonnades souvent en marbre
Les chapiteaux authentiques – les deux placés à l’extrémité orientale des deux arcatures de la travée droite ont été inventés lors de la restauration des années 1960 – présentent tout d’abord des thèmes végétaux assez divers : type corinthien traité de manière très fantaisiste, grappes de raisin, sortes d’ombelles, ou lianes terminées par des têtes d’oiseau au bec crochu.
♦ La frise de bas-reliefs
L’élément le plus intéressant de ce remarquable ensemble est la frise de bas-reliefs.
Un premier groupe de plaques figure des scènes de la Passion :
- la Cène,
- le Baiser de Judas,
- le Voile de Véronique,
- la Crucifixion.
Le second groupe, traité avec une bien plus grande maîtrise, évoque la Résurrection : ce sont
- les Saintes Femmes devant le Tombeau Vide,
- la Victoire de Samson sur le Lion, symbole du triomphe de Jésus sur la Mort,
- et deux scènes de l’Apocalypse : les animaux monstrueux surgis à l’appel de la cinquième et de la sixième trompette, et la Jérusalem céleste descendant du ciel.
Ainsi, en dépit des différences qui les distinguent, les deux groupes forment un ensemble cohérent, un véritable cycle du Salut, de la Cène qui annonce et signifie la Passion, jusqu’au triomphe définitif du Christ à la fin des temps.
Le bandeau médian sépare l’arcature ainsi décorée de ce qui constitue l’élément le plus intéressant de ce remarquable ensemble : la frise de bas-reliefs qui couvre la partie centrale de l’abside, sa face latérale sud et la moitié de sa face latérale nord, où une dernière plaque a été mise en place mais n’a pas été sculptée.
A la différence de ce que l’on peut voir sur d’autres édifices, cette frise n’est pas continue, mais elle s’interrompt en face des fenêtres et sur les faces latérales des contreforts, et elle est composée de plaques indépendantes, qui représentent chacune un thème différent.
Toutes ces plaques se répartissent en deux groupes bien distincts, à la fois par le thème général et par le style.
Crucifixion
Évangélistes
Un premier groupe, dont le style est caractérisé par une surabondance des détails et par une maladresse assez générale, en particulier dans le rendu du relief, figure des scènes de la Passion : la Cène (Lc 22, 14-20), le Baiser de Judas (Lc 22, 47-51), le Voile de Véronique, la Crucifixion (Jn 19, 25-37) ; il faut lui ajouter un groupe de trois Apôtres et une petite plaque représentant des lions analogues à ceux de l’arcature inférieure.
Le second groupe, traité avec une bien plus grande maîtrise, évoque la Résurrection : ce sont les Saintes Femmes devant le Tombeau Vide (Mc 16, 1-8), la Victoire de Samson sur le Lion (Jg 14, 5-6), symbole du triomphe de Jésus sur la Mort, et deux scènes de l’Apocalypse : les animaux monstrueux surgis à l’appel de la cinquième et de la sixième trompette (Ap 9, 3-10 et 17-19), et la Jérusalem céleste descendant du ciel (Ap 21, 2, 10 et suiv.).
Les Saintes Femmes au tombeau
Samson et le lion
Animaux monstrueux de l'Apocalypse
Ainsi, en dépit des différences qui les distinguent, les deux groupes forment un ensemble cohérent, un véritable cycle du Salut, de la Cène qui annonce et signifie la Passion, jusqu’au triomphe définitif du Christ à la fin des temps.La Jérusalem céleste descendant du ciel Le Christ ressuscité
On pourrait être surpris que cette cohérence générale ne se retrouve pas dans l’organisation des scènes, si quelques observations ne permettaient d’en imaginer les causes. Le première de ces observations porte sur la forme et les proportions des plaques : on peut en effet constater que celles de la Résurrection sont planes, et de dimensions si mal adaptées aux espaces où elles sont appliquées que celle des animaux de l’Apocalypse a dû être coupée en deux ; en revanche, les plaques de la Passion sont d’une longueur exacte et certaines présentent une courbure à peu près conforme à celle de l’abside.
Une seconde observation concerne la présence, sur quelques plaques de la Passion, de plusieurs éléments de décor analogues à ceux des chapiteaux : une telle parenté permet sans aucun doute d’attribuer les deux séries d’œuvres au même sculpteur d’origine espagnole, dont l’habileté dans l’art de la ronde-bosse a pu s’exprimer sur les chapiteaux, mais qui s’est manifestement trouvé très mal à l’aise dans le traitement du bas-relief, que le sculpteur de la Résurrection a en revanche parfaitement maîtrisé. Il faut ajouter pour ce dernier que les parentés évidentes présentées par son style avec l’art languedocien et au-delà avec certains ensembles italiens permettent de lui attribuer une origine toute différente de celle du premier.
Ces diverses observations permettent d’avancer l’hypothèse que les plaques de la Résurrection auraient pu être réalisées en premier, pour une autre destination, peut-être celle d’une balustrade de chœur, et peut-être aussi pour un autre édifice. Par la suite, lors de la construction du nouveau chevet, après avoir réalisé l’arcature inférieure, le sculpteur venu d’au-delà des Pyrénées aurait été chargé d’utiliser ces plaques pour composer une frise, en les complétant par d’autres pour former un cycle du Salut. Et tout naturellement, ce sont ses propres plaques qu’il aurait mises à la place d’honneur, au centre du chevet.
Le récit d'un pèlerinage fait en 1726 et 1727 ne nous apprend pas grand chose sur la ville et les traditions attachées à Saint Paul. Il a semblait plus intéressé par la Fontaine Chaude de Dax ainsi que des bains à un établissement thermal. " A Saint-Paul, où l'on passe dessous le clocher de l'église qui est un clocher rond. De là, à Daxe, ville, où nous avons couché dans le faubourg..." "La route d'Herm à Dax, ancienne voie romaine, passe en contrebas du portail de l'église. Il se compose d'un porche ouvert de trois côtés. Le clocher, qui le surmonte, est carré mais terminé par un campanile rond. Les bas-reliefs romans, qui décorent l'extérieur de l'abside, étaient plus dignes de remarque".
Le nouvel autel
Tags : arcature, bas reliefs, rotonde
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